Musée de l’Histoire Vivante
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La troisième république avant 1914 : un régime politique, un empire colonial

1871 Louise Michel pendant La Commune de Paris

Suite à la défaite et la capture de Napoléon III à Sedan le 2 septembre 1870, les parisiens se réunissent devant l’hôtel de ville de Paris où le député républicain Léon Gambetta proclame l’avènement de la IIIe république le 4 septembre 1870 (img.01).
Dès le 18 septembre 1870, Paris et sa région se trouvent encerclées par les troupes prussiennes. En différents points de banlieue des combats ont lieu entre l’armée française et allemande, fin septembre à Villejuif puis à Chevilly et Malmaison. Fin octobre, pendant deux jours a lieu une bataille au Bourget, puis à Champigny, à Stains et de nouveau au Bourget. Les allemands pilonnent également les forts de Noisy, de Nogent et de Rosny et à partir du 5 janvier, Paris est touchée par des obus dont dans le quartier du Panthéon. Paris se trouve coupée du reste du pays. Le rationnement des denrées est alors organisé mais les parisiens manquent cruellement de nourriture, les chevaux sont abattus ainsi que les animaux du jardin des Plantes, les rats, les chiens et les chats sont également consommés et du pain à la composition hétéroclite est fabriqué par les boulangers alors que l’hiver s’avère particulièrement froid et que bois et charbon viennent à manquer (img.02).
Le 22 janvier, une manifestation organisée par des clubs révolutionnaires en appelait à « la patrie en danger » en souvenir de la révolution française alors que le gouvernement de défense nationale s’apprêtait à signer une convention d’armistice et un cessez le feu. En février, les préliminaires de paix se poursuivent et les armées allemandes bivouaquent sur les Champs Elysées du 1er au 3 mars pendant que l’Assemblée nationale s’installait à Versailles et que la capitale était en ébullition. Le gouvernement, en la personne d’Adolphe Thiers, président du Conseil, entendait du même coup récupérer les armes – et en particulier les canons - dont avaient été équipées la garde nationale et la population parisienne. Cette affiche, apposée dans Paris, évoque des « hommes mal intentionnés » qui « sous prétexte de résister aux Prussiens » entendent créer un gouvernement automne, à savoir le comité central des vingt arrondissements de Paris et embryon de la Commune de Paris (img.03).
227 canons, qui avaient été financés par des dons patriotiques des parisiens afin de défendre la capitale durant la guerre franco-prussienne, étaient demeurés aux mains des habitants qui les avaient postés dans des lieux stratégiques comme à Belleville et sur la butte Montmartre (à l’emplacement où sera construite la basilique du Sacré cœur) surplombant la capitale (img.04). Le 18 mars, les militaires envoyés par le gouvernement se préparent à reprendre les canons mais ils se heurtent aux gardes nationaux ainsi qu’aux habitants de la butte Montmartre dont de nombreuses femmes et parmi elles, l’institutrice Louise Michel. Les parisiens parviennent ainsi à conserver la butte Montmartre. Ailleurs, à Belleville et à la Villette, les opérations de reprises des armes échouent également et des soldats mettent crossent en l’air (img.05).
Après le 18 mars et l’échec de la colonne de près de 400 soldats envoyés par Thiers, le comité central des vingt arrondissements de Paris et des militants de différentes obédience se réunirent à l’Hôtel de ville où ils décidèrent d’organiser des élections municipales pour le 26 mars afin de désigner les 92 membres du Conseil de la Commune alors qu’une partie des parisiens hostiles au mouvement quittait la capitale. En dépit d’une abstention importante (compte tenu des départs de Parisiens avant et après le siège de Paris et ceux ralliés au gouvernement Thiers) puis du retrait des plus « modérés », le conseil de la Commune regroupe 70 hommes dont 25 ouvriers et 12 artisans – qui proclament la Commune de Paris le 28 mars (img.08).
L’occasion de rappeler que différences tendances politiques sont représentées : républicains (Jules Miot, Charles Beslay) socialistes proudhoniens (Léo Fränkel, Benoît Malon), radicaux (comme Charles Amouroux, Victor Clément), internationalistes (Eugène Varlin) ou « jacobins » (Charles Delescluze, Félix Pyat), mais aussi des blanquistes (Théophile Ferré et des indépendants comme l’écrivain Jules Vallès et le peintre Gustave Courbet. En dépit de divisions, tous souhaitent établir un gouvernement communal attaché à l’idée de république démocratique et sociale (img.09).
Parallèlement, la population parisienne, hommes et femmes, réunis en associations, en clubs, débattent en de nombreux lieux rendant la gouvernance de la Commune ouverte et participative. Ainsi du Comité de vigilance des femmes de Montmartre – auquel participe Louise Michel- de l’union des femmes pour la défense de Paris ou de la fédération des Artistes à laquelle adhèrent Courbet, Corot, Daumier, Pottier et Gill (img.09).
Dès les premiers jours de « la révolution moderne, la plus large et la plus féconde de toutes celles qui ont illuminé l’histoire » selon les termes avancés par les membres de la Commune, il est question d’inaugurer « une ère nouvelle de politique expérimentale, positive, scientifique. » C’est - comme est précisé dans cette affiche (img.13) - « la fin du gouvernement du vieux monde gouvernemental et cléricale, du militarisme, du fonctionnarisme, de l’exploitation, de l’agiotage, des monopoles, des privilèges auquel le prolétariat doit son servage ».
La Commune va en effet rapidement prendre des mesures ; dix commissions fonctionnant comme des ministères sont mises en place. Ainsi la séparation de l’Église et l’État est proclamée le 2 avril ; l’instruction laïque, gratuite et obligatoire pour filles et garçons est rendue possible, un moratoire sur les loyers est institué, des coopératives sont créées, les biens engagés au mont-de-piété peuvent être repris. D’autres projets audacieux ou novateurs sont ainsi envisagés - comme un remaniement du Code civil de 1804 ; l’élection des magistrats ou la gratuité des actes notariés. Ces projets n’eurent malheureusement pas le temps d’être réalisés, là où d’autres symboliques comme la mise à bas de la Colonne Vendôme, symbole du militarisme, ont été remarqué.
Malgré tout, la Commune manque de moyens financiers pour appliquer les mesures décrétées et les dirigeants se contentent de demander 20 millions à la Banque de France qui dans le même temps avance 215 millions au gouvernement versaillais. Les communards, qui ont à charge l’administration de la ville et d’assurer sa défense contre les troupes versaillaises vont devoir faire face à une armée versaillaise de 100.000 hommes qui, dès le 11 avril lancent l’offensive pour récupérer les forts situés à l’ouest de la capitale. Dix jours plus tard, les troupes versaillaises pénètrent dans Paris entre la porte d’Auteuil et la porte Saint-Cloud et occupent les quartiers d’Auteuil et Passy dont les habitants leur sont plutôt favorable. Dès le 22 mai, les Communards se préparent à combattre et des barricades sont confectionnées. Des combats ont lieu aux Batignolles et à la place Clichy et les versaillais gagnent du terrain, dans le quartier de la Gare St Lazare, comme à l’école militaire puis à Montmartre où ont lieu des exécutions sommaires. Les communards résistent en certains points de la capitale comme dans le quartier de la Butte aux cailles, du Panthéon et de la Gare de l’Est. Néanmoins les versaillais progressent vers le centre de Paris et exécutent hommes, femmes et enfants qui se trouvent sur leur passage et Paris commencent à être en flamme. Plus encore le 24 mai où au pilonnage des versaillais s’ajoutent les incendies de l’hôtel de ville, de la préfecture de police et du Palais de Justice.
Le 25 mai, seuls quelques îlots sont en possession des Communards qui ne peuvent lutter contre une armée supérieure en nombre et organisée. Des combats acharnés ont lieu et des massacres ont lieu, comme au Panthéon, dans le jardin du Luxembourg. Des combats ont lieu aussi dans le cimetière du Père Lachaise où sont fusillés des communards ; le 28 mai, les combats se poursuivent et se finissent à Belleville où une des dernières barricades tombe. Outre ceux tombés sur les barricades – estimés à 3000 ou 4000 - des hommes, femmes et enfants soupçonnés de soutenir la Commune sont exécutés, parfois même à la mitrailleuse. C’est le dernier jour de la « semaine sanglante ». Pour autant, des exécutions sans jugement auront encore lieu dans les jours à suivre, lors des transferts de prisonniers vers le camp de Satory à Versailles. Au final, le nombre de morts, difficilement quantifiable, est estimé entre 6 000 et 20.000 (contre environ 1 000 dans l’armée versaillaise).
La répression n’en est pas moins terminée puisque sera procédé à 43.522 arrestations (chiffre avancé dans un rapport officiel du général Appert). Quinze conseils de guerre, chargés de juger les communards, statueront dès aout et durant 4 ans. Parmi ceux condamnés, dont certains à la peine de mort, près de 5000 hommes et femmes sont condamnés à des peines de prisons, 95 sont condamnés à mort (25 seront exécutés) et 4586 seront condamnés à la déportation en Nouvelles Calédonie dont Louise Michel qui reviendra en France après l’amnistie de 1880.
Voir aussi http://www.museehistoirevivante.fr/collections/histoire-du-mouvement-ouvrier/la-commune-de-paris-de-1871-louise-michel-et-l-anarchisme


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